Schoolap, la EdTech congolaise qui veut étendre son modèle d’Afrique vers l’Europe
SLK NewsMédia

Invité à Aix-en-Provence dans le cadre d’Emerging Valley, sommet international sur l’innovation africaine et euro-méditerranéenne, Pascal Kanik cofondateur de la Schoolap - une entreprise technologique qui propose les plateformes www.schoolap.com, diplomapps.com et originaire de la RDC -, est revenu sur ses ambitions et sur sa vision des stratégies entrepreneuriales Afrique-Europe. L’occasion pour nous de partir à sa rencontre et de revenir sur le parcours de cet entrepreneur visionnaire.
Il est midi ce jeudi 27 novembre lorsque nous nous entretenons avec Pascal Kanik. La veille, l’entrepreneur africain a délivré une communication devant un parterre de professionnels des finances, de l’économie et des stratégies entrepreneuriales du monde entier venus s’interroger sur les synergies Afrique-Europe en matière d’innovation.
Palier au manque du système éducatif
Pour Pascal Kanik, tout commence en 2017. Employé chez Vodacom, filiale du groupe Vodafone, suite à sa sélection au programme Vodacom élite 2013 après ses études en mathématiques et informatique à l’Université de Kinshasa, Pascal Kanik gravite dans le cadre de ses missions dans le monde de l’éducation avant de démissionner en juin 2017 lorsqu’il prend conscience des problèmes criants du système éducatif congolais.
Il part donc à la rencontre des enseignants, facilite des discussions et des ateliers avec des étudiants pour observer la situation. “Il y avait une pénurie d’ouvrages pédagogiques. Il n'y avait pas de bibliothèque. Et puis ni les enseignants ni les élèves n’avaient accès à Internet et à des ressources de qualité.” introduit-il.
Frustré par cette situation, il décide de se pencher sur une plateforme permettant aux enseignants de trouver du contenu qualitatif pour construire leurs cours et faciliter la transmission auprès des élèves, le tout sans avoir nécessairement accès à Internet. Il démissionne alors de son poste pour se consacrer au développement de ce qui deviendra Schoolap.
Du Wikipédia de l’éducation offline à une gestion globale
Pour lancer sa plateforme, il s’appuie dans un premier temps sur le modèle de Wikipédia et d’Encarta en mettant à disposition sur sa plateforme des cours produits par des différents enseignants. “La vision de départ c’était de mettre des cours dans une plateforme qui soit accessible à un monde non connecté à Internet.” poursuit Pascal Kanik. Mais il prend progressivement conscience d’un problème général de gouvernance du système éducatif notamment en matière de gestion administrative, pédagogique et de sécurisation des diplômes et des différents titres scolaires.
“ Il y a quelques années, les enfants pouvaient ne pas réussir leurs examens, et se faire faire un faux diplôme et s'inscrire même en fac de médecine. Vous imaginez la suite, un médecin qui a un faux diplôme ou un magistrat, ça crée des problèmes dans la société. On a donc ajouté l'aspect gestion des écoles et même de gouvernance. Aujourd’hui, l'Etat peut aussi gouverner les écoles avec notre plateforme. C'est ce qui se fait déjà au Congo. Donc on a déployé des solutions pour que l'Etat digitalise des processus qui aujourd'hui rendent plus transparent la gestion des inscriptions aux épreuves étatiques, la gestion des diplômes et des documents en les sécurisant avec la blockchain.” explique t-il.
Une expansion panafricaine et européenne

Aujourd’hui, la plateforme Schoolap a conquis le marché de nombreux pays d’Afrique Subsaharienne comme le Kenya, la Côte d’Ivoire, le Bénin ou encore le Burkina Faso. Mais Pascal Kanik ne s’arrête pas là. Aujourd’hui, l’intérêt des investisseurs internationaux pour la plateforme et son expansion sont évidentes et la venue de Pascal Kanik à Emerging Valley ne fait que le confirmer. “La sécurisation des diplômes avec la blockchain, qui est une nouvelle technologie. Nous ne sommes pas nombreux à le faire au niveau européen et africain. “Aujourd’hui, nous générons chaque année déjà plus de 3 millions de documents sécurisés. Et ça, aucune plateforme européenne ou africaine ne le fait dans le secteur éducatif. Nous voulons utiliser cet avantage compétitif, cette force, pour pouvoir nous positionner même en Europe. Et personnellement, je crois que l'Afrique ne doit pas être juste la consommatrice des solutions qui viennent de l'étranger. C’est un marché qui peut exporter aussi la technologie bien sûr et d'autres solutions innovantes.”
Cette dynamique s’est d’ailleurs accélérée après une levée de fonds de 500 000 dollars américains en 2020 accordée par le groupe Flash International, permettant à l’entrepreneur de se consacrer pleinement à la croissance de la startup. L’impact de Schoolap se mesure aujourd’hui dans l’ampleur de son adoption : chaque année, la référence de l’EdTech génère plus de 4 000 000 de titres académiques sécurisés, touche plus de 3 000 000 élèves et fédère plus de 1 000 écoles privées en RDC, au Kenya, et dans la CEDEAO confirmant son ambition panafricaine.
Crédit photo 1 : Au milieu, Pascal Kanik, cofondateur de Schoolap au sommet Emerging Valley à Marseille, le 26 novembre 2025.
Crédit photo 2 : Sommet Emerging Valley 2025 à Marseille.
Article rédigé par Aphelandra Siassia.